Renault
A chaque fin de siècle, sa thérapie : psychanalyse pour le 19ème, la cliothérapie pour le 20ème. Réponse humoristique de Publicis, l'agence de publicité de Renault depuis plus de trente ans à ceux qui vouent l'automobile aux gémonies ? Solution préconisée pour résorber le déficit récurrent de la sécurité sociale ? modèle le plus vendu dans son segment en Europe, la Clio a sans conteste été pour Renault un excellent remède. Au reste, la muse de l'histoire veille sur le groupe depuis sa création.
Point commun entre Vasarely et Billancourt ? Renault. Entre les " chars de la Victoire " et la Twingo ? Renault ! La RATP et ses autobus ? Renault. Analogie entre la " voiturette " (1898), les " Taxis de la marne " (1914) et le " Concept ZO " (1998) ? Renault, encore ! La " forteresse ouvrière ", Williams et Benetton ? Renault toujours ! Renault, une marque dont on peut dire qu 'elle est un acteur incontournable. Il n'est pas de moyen de transport que Renault n'ait pas développé.


Il n'est pas d'événement majeur de l'histoire de France dont Renault serait un simple spectateur. " L'histoire de Renault peut se décrire en trois étapes, raconte Patrick Landon, responsable du service Histoire et Collection du groupe. La première est celle de Louis Renault, patron absolu, génie de la mécanique et visionnaire, qui n'a qu'une seule obsession ; son usine. La deuxième qui court de 1944 à 1992 est celle de Renault, Régie nationale de usines Renault, " entreprise de la nation ". Depuis 1992, troisième étapes, Renault, société anonyme, est une entreprise privée ".
Elle est, de surcroît, multimarques en devenant, en 1999, actionnaire de référence chez Nissan et actionnaire majoritaire (51%) chez Dacia.
Une cabane à Billancourt

Un exploit qui lui vaut ses douze premières commandes, celles des douze convives ! Peut-on rêver plus beau cadeau de noël ? " Renault est le premier constructeur automobile à avoir vendu des voitures qui n'étaient pas encore construites ", précise Patrick Landon. Il gagne aussi l'admiration de ses frères, Fernand et Marcel, négociants en textile, et leur appui financier. Le 25 février 1899, les " Petites affiches " annoncent, avec effet rétroactif au 1er octobre 1898, " la formation entre MM Renault Frères d'une société ayant pour objet la construction de voitures automobiles " . Raison sociale : Renault Frères, 100 avenue du Cours Billancourt ". Dès lors, la compétition automobile devient le levier incontournable de la promotion de la marque : la même année, Louis et Marcel remportent leur première victoire dans Paris-Trouville.
Des chiffres et des lettres
Au commencement était l'alphabet. Les premières voitures Renault ont pour nom: type A (1899), type B et C (1900), type D, E etG (1901), H et K (1902), etc.
C'est en 1925 qu'apparaît le losange sur les calandres des Renault. Avec la Monasix et la Vivasix, Renault nomme en 1927 ses voitures.
Suivront la Monastella et la Vivastella ( 1928), Reinastella (1929), Nervastella (1930), Ner- vahuit (1931 ), Primastella, Reinasport, Primaquatre, Mona- quatre, Vivaquatre (1932), Vi- vasport, Nervasport, Celtaquatre (1933), Viva Grand Sport, Nerva Grand Sport (1934) Celtastandard (1936), Juvaquatre, Novaquatre (1937), Suprastella (1938), 4 CV (1947), Colorale Savane, Prairie (1950), Frégate (1951 ), Ondine (1953, version luxe de la Dauphine commercialisée en 1960), Alpine (1955), Dauphine (1957), Floride (1958, lancée par Brigitte Bardot), Estafette (1958), Ondine (1960), R 3 et R 4 (1961), R 8 et Caravelle (1962), R 16 et R 10 (1965), R8 Gordini (1966), R 6 (1968), R 12 (1969), Alpine A 310, R 15etR 17 (1971), R 30 (1975), R 14 (la fameuse poire !) et R 20 (1976), R 18 (1978), Fuego (1980), R 9 (1981, "voiture de l'année" en 1982, commercialisée sous le nom Alliance aux Etats-Unis), R 11 (1983, commercialisée sous le nom "Encore" aux Etats-Unis), R 25, Espace, Supercing, Jeep Cherokee (1984), Renault Alpine V 6 (1985), R 21 (1986), R 19 (1988). Avec la clio (1990), Renault abandonne les numéros d'appellation ; la clio est élue "Voiture de l'année 1991 ". Safrane (1992), Twingo (1993, "à vous d'inventer la vie qui va avec", "Quelqu'un qui a une Twingo ne peut pos être foncièrement mauvais" 1999), Laguna (1994 "iI n'ya pos que ceux qui conduisent qui aiment les voitures"), Mégane ( 1995), Mégane Scenic (1996, "voiture de l'année 1997"), Kangoo (1997, "Utilitaire de l'année 1998"), clio deuxième génération ( 1998), le coupé grand tourisme Avantime avec Matra Automobile (2000). Le groupe réalise 70% de ses ventes hors de France.




Une publicité l'affirme : " les voiturette Renault Frères sont gagnantes de toutes le courses importantes ". La fabrication des 71 voitures commandées, en 1899, sera assurée par 60 personnes. Jusqu'en 1902, Renault fabrique des châssis de " voiturette " à deux places, équipées de moteurs De Dion Bouton. Avec le carrossier Labourdette, il crée en 1900 une des premières conduites intérieures au monde. " A l'époque où l'automobile est réservée à des nantis et où le chauffeur est exposé aux intempéries, Louis Renault pense déjà à la voiture vivre ".
Quand l'artisan devient un industriel

Coup d'accélérateur en 1905 grâce à une première commande de deux cent cinquante taxis destinés à une compagnie parisienne - taxi vient de taximètre ou taxe au mètre -, suivie par une seconde de milles unités pour Londres.
" A cette époque, rappelle Patrick Landon, les grandes villes comme Paris, Londres, New York ou le Caire étaient polluées par le crottin de cheval. Elles ont donc décidé de lancer des concours de taxi, remporté par deux sociétés, Renault et Unic ". Billancourt entre alors dans la fabrication en série : l'artisan Renault devient un industriel.


Et les fameux chars FT 17 - F pour Filloux, nom de l'auteur du canon court de 37 mm, T pour Tourelle-le consacrent " sauveur de la France " en 1918. Revers de la médaille : Renault n'a pas de modèle de voiture pour le temps de paix, contrairement à ses concurrent dont Citroën. Héritier immédiat de la technologie militaire : le tracteur agricole Renault à chenilles issu du FT 17. Il faudra 10 ans à l'entreprise, devenue Société anonyme des Usines Renault (SAUR) en 1922, année de l'introduction du travail à la chaîne, pour dépasser la marque aux chevrons. Entre temps, et pour stimuler les ventes, est créée en 1924, la DIAC, (Diffusion industrielle de l'automobile par le crédit).
Six fois champion du monde
Depuis sa première victoire, en 1899, dans Paris Trouville, Renault est de toutes les courses automobiles. Le service compétition est créé en 1951 par François Landon. Il devient Renault Sport en 1976. Au nombre des grandes victoires à mettre au compte du groupe, le titre de champion du monde des rallyes en 1973 avec Alpine Renault, les 24 Heures du Mans en 1978 avec une Renault Alpine pilotée par Didier Pironi ; sa première victoire au Grand Prix de Formule 1 de Dijon en 1979 avec la Renault Turbo pilotée par Jean-Pierre Jabouille. De 1977 à 1996, la marque remporte 81 victoires en 262 Grands Prix et 6 titres mondiaux. Renault abandonne sa participation au Championnat du monde de Formule 1 avec sa propre écurie en 1985 et en tant que motoriste en 1987. Retour en F1 en 1989 en tant que motoriste de Williams et en 1994 avec Benetton tout en continuant sa coopération avec Williams. De 1992 à 1997, Renault est six fois champion du monde des constructeurs en F 1, avec les écuries Williams et Benetton et remporte cinq titres pilotes. Pour la saison 1998, Renault se désengage "officiellement" de la F 1 (Mécachrome n'est autre que le V10 Renault !) au profit des moteurs d'avion civil, autre tradition du groupe, et ce, en collaboration avec l'Aérospatiale et Morane. Renault maintient cependant la promotion sportive, à savoir les courses de Renault entres elles.
N'oublions pas le cyclisme ! Renault-Gitane remporte le championnat du monde cycliste en 1980 avec Bernard Hinault et en 1 983 avec Greg Lemond ; Le Tour de France en 1983 et 1984 avec Laurent Fignon. Renault abandonne le cyclisme professionnel en 1985.
Renault, c'est la France
Le cour de l'empire Renault bat à l'île Seguin, un croissant entre Billancourt et le Bas Meudon, où, dès 1920, Louis Renault rachète un à tous les terrains disponibles. Le " grand navire " est inauguré en 1929. Renault, c'est alors la France ! Aucun secteur industriel ne lui échappe : le rail avec la sortie, en 1921, d'un prototype de locomotive à air comprimé, les autorails en 1931 ; le ciel avec Breguet Renault. Sans oublier les voitures avec une politique de gamme ouverte, de la petite berline (lire encadré " des chiffres et des lettres "). " Renault se distingue par la diversification au moment où les constructeurs se limitent soit à un modèle vendu le moins cher possible, à l'instar de Ford et sa Ford T, soit à des modèles de luxe. Renault mise sur le concept de la gamme et adapte ses voitures aux désirs de la clientèle. Ce choix sauvera plusieurs fois l'entreprise de la crise, surtout celle des années 30, grâce à la diversité de ses produits ", souligne Patrick Landon. Autre particularité de Renault devenu premier industriel de France : l'indépendance financière vis-à-vis des banques rendue possible grâce, en particulier, à la vante de ses nombreux brevets.
La forteresse ouvrière

C'est cette indépendance absolue, c'est la concentration et le maintien de leur direction entre les mains de ceux que j'ai choisis qui continueront à assurer la prospérité et le développement des usines " (3). Les événements en décideront autrement. Ayant réparé des chars et fabriqué des camions pour la Wehrmacht pendant la guerre, Louis Renault se livre a la justice le 23 septembre 1944. interné à Fresnes pour " commerce avec l'ennemi ", il décède le 24 octobre à la clinique Saint Jean de Dieu à Paris. Entre temps, le 4 octobre 1944, le conseil des ministres à réquisitionné les usines Renault le 27 septembre, nomme Pierre Lefaucheux, administrateur provisoire des Usines. L'ordonnance du 15 janvier 1945 transforme le séquestre en nationalisation : la Régie nationale des Usines Renault est créé. La famille Renault, qui détenait 96% du capital de la société, est expropriée sans indemnités (4).
Quand Renault remet les Français sur la route

Renault, une vitrine technologique et sociale




Voiture à vivre




L'ère de la qualité totale

" le poids, l'aérodynamisme et le coût sont trois préoccupations majeures des constructeurs. D'où la recherche de matériaux modernes comme l'aluminium, le plastique, le kevlar ", explique Patrick Landon.
Au nombre des innovations de la marque, citons, sans exhaustivité : la prise directe (1898), le turbo (1902), le radiateur derrière le moteur et l'allumage par magnéto (1903), la bougie démontable (1904), les ressorts à lames, les amortisseurs hydrauliques et le démarreur à air comprimé (1905), le système électrique de démarrage des moteurs (1913), la coque auto- porteuse (1921) , les servofreins (1923), les carosseries aérodynamiques (1934), les quatre freins à disques (1962), le synthétiseur de parole (1983), le système anti-encastrement (1997), etc.

Les patrons de Renault :
Louis Renault de 1898 à 1944,
Pierre Lefaucheux de 1944 à 1955,
Pierre Freyfus de 1955 à 1975,
Bernard Vernier-Palliez de 1975 à 1981,
Bernard Hanon de 1981 à 1985,
Georges Besse de 1985 à 1986,
Raymond Lévy de 1986 à 1992,
Louis Schweitzer depuis 1992.
(dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en partant du centre en haut)


Le premier logo apparaît en 1990 : un médaillon enrubanné de deux lettres R.
C'est en 1923 que Louis Renault signe ses produits de son nom.
Le losange est créé en 1925, symbole du capot des voitures en forme d'étrave.
Le nom Renault disparaît avec Vasarely en 1972.
Dernière identité visuelle due à Style Marque en 1992.
Le diamant illustre la qualité totale
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