Le savon Cadum
En 1907, l'homme d'affaires Michaël Winburn et le pharmacien Louis Nathan s'associent pour créer la marque Cadum.
La gamme Cadum se compose alors d'un baume, d'une pommade et d'un dentifrice vendus en pharmacies.
La rencontre de Michaël Winburn et de Louis Nathan a tout d'une fable : l'industriel, souffrant d'un eczéma tenace achète au pharmacien de Courbevoie un baume à base d'huile de Cade qui le guérit immédiatement.
La légende dit que l'homme d'affaire décida de s'associer au pharmacien le jour même de sa guérison.
Le nom Cadum vient du composant miracle de ce baume : l'huile de Cade, produit de distillation du bois d'un genévrier du midi.
A cette époque, les Français hésitent encore à adopter la toilette corporelle comme geste quotidien : ils gardent un mauvais souvenir des bains publics et craignent de contracter des maladies par l'eau.
La savonnette reste un produit de luxe réservé à une élite.
Les deux associés décident de relever le défi de l'hygiène corporelle en proposant un savon de grande qualité accessible à tous. Pour y parvenir, une usine capable de produire des millions de savonnettes est construite à Courbevoie (près de la tour Ernst&Young à La Défense).
En 1912, la nouvelle savonnette Cadum est distribuée dans toutes sortes de points de vente : pharmacies, épiceries, parfumeries, drogueries...
Pour incarner la douceur exceptionnelle de ce nouveau savon Michaël Winburn choisit un symbole fort et rassurant : le bébé.
Le message est simple et très mémorisable. La création du dessin du bébé Cadum si reconnaissable entre tous tient au génie d'un peintre très réputé de l'époque : Arsène Le Feuvre (peintre décorateur né en 1863 à Sillé-le-Guillaume, il fut également maire du Mans en 1925).
Les premières publicités pour le savon Cadum, soutenues par l'image du bébé, s'exposent dans les rues. Affiches, panneaux peints, cartons publicitaires destinés aux devantures des magasins se répandent dans toute la France.
D'autres images viendront soutenir le bébé, André Wilquin en 1938 concoctera un tableau réclame articulé représentant un magnifique visage de femme avec "Le teint Cadum".
Au fil des années, le public a pu tisser une vaste toile de rumeurs et de fantasmes quant à la réelle identité du bébé Cadum. L'étrange phénomène a touché la France entière. Tout un chacun a eu, à un moment ou à un autre sa petite idée sur l'origine, l'identité ou le destin du bébé Cadum.
En 1956, un grand article parait dans " France Dimanche " sous le titre " Le bébé Cadum, c'est moi ". Arsène Le Feuvre Fils, fils du peintre du bébé Cadum est persuadé être le bébé Cadum. J'avais déjà 27 ans quand mon père eut son idée de génie. Il alla rechercher dans les vieux albums de famille toutes les photos de moi étant enfant et c'est d'après l'une d'elles, prise alors que j'avais un an, qu'il dessina le bébé Cadum.
L'histoire aurait pu en rester là si un sérieux concurrent n'avait pas contesté ses dires... Car en 1912, à la création de l'image, Herbert Michaëlis (l'entreprenant directeur de Cadum de l'époque) a un fils, Charles, âgé de deux ans. Le garçonnet est replet, dodu, potelé à souhait. La famille est ainsi convaincue qu'il a inspiré le peintre et le revendique fermement.
De nos jours, notre société continue de recevoir un important courrier de personnes convaincues que leur père ou grand-père était le modèle du fameux bébé Cadum. Le mystère reste entier et c'est mieux ainsi.
En parallèle, de nombreuses stars de l'époque apparaissent dans la presse pour vanter les mérites du nouveau savon : Mistinguett, Gabrielle Robinne, Régina Badet, Pepa Bonnafé, Huguette Duflos et bien d'autres recommanderont le savon Cadum.
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