La mine de 1870 à 1914
En 1884, Gustave Bertaud (père de Marie Louise) était mineur à Anzin, marié depuis 1876 à Marie Henriette Despinoy. Ensemble ils avaient 4 enfants en bas âge au moment de la grève. A l'occasion, regardez le film Germinal et vous imaginerez aisément ce que notre famille a vécue durant ces jours sombres. Les piquets de grève, le froid, la faim, souvent le désespoir. L'histoire de notre famille est pleine de douleurs, de batailles, de guerre, de drames, de larmes, et de joies aussi. Mais pour moi, ce qu'ont vécus cette famille, dans les conditions où ils l'ont vécus, leur histoire est l'une des histoires les plus fortes de notre famille.
Faisons un peu d'histoire de France : La nouvelle grève :Mais en 1884, toute la région fut secouée par une grève des mineurs très longue et très dure, grève qui inspira Émile Zola dans son livre Germinal.Les 12 et 13 février 1884, on annonça aux ouvriers une modification dans les conditions de travail à la taille : les mineurs qui faisaient l'abattage du charbon dans la taille et le percement des voies secondaires, étaient dorénavant également chargés de l'entretien du boisage des dites voies moyennant un supplément de 1.00F par quinzaine. Cet entretien était effectué auparavant par les vieux mineurs appelés "raccommodeurs" aidés d'enfants dits "galibots". Le nouveau système entraînait ainsi la suppression de ces emplois. Le 20 février eut lieu une réunion, au cours de laquelle Émile Basly (futur député en 1891) attaqua la Compagnie à Denain. La grève fut votée par acclamation et commença le 21 février 1884. Dès le jeudi 21, 1700 ouvriers de Denain manquaient à leur travail. Le vendredi 22 février, la grève s'étendit à Anzin et St Waast puis elle gagna partout et s'accentua chaque jour davantage. Pourtant le 22 février, une délégation de mineurs se rendit près du directeur, Mr Guary, pour tenter une conciliation sur les nouvelles conditions du travail mais la Compagnie confirma sa position. Le 24 février, le renvoi de 140 mineurs syndicalistes entraîna un durcissement du conflit et le 25, seulement 800 mineurs se rendirent au travail sur un effectif de plus de 11 000 ouvriers. le 27, deux députés Mr Giard et Mr Girard sollicitaient l'appui du ministre des Travaux Publics, Mr Renald. Celui-ci annonça, le 6 Mars qu'il ne pouvait pas intervenir, la Compagnie n'ayant pas enfreint la loi. Le 15 Mars, à la demande du ministre des Travaux Publics, le directeur général des Mines, Mr Bellot et Mr de Chamourtois, inspecteur général de la division du Nord-ouest vinrent à Valenciennes, accompagnés du préfet du Nord et du sous préfet de Valenciennes. Ils eurent une entrevue avec les délégués des mineurs mais chacun resta sur ses positions et la grève fut reconduite. Au début de la grève ,le calme régna, sauf quelques explosions de dynamite qui survinrent à l'encontre les maisons des non grévistes et des insultes qui étaient proférées par des femmes et des enfants contre ces derniers. Cependant la présence des gendarmes permettait de maintenir l'ordre. Le conflit se prolongeant, les privations et les souffrances de la population minière s'aggravaient et faisaient craindre des débordements violents. Le premier se produisit à Denain le vendredi 4 avril : deux mille mineurs se portèrent vers la fosse Renard pour s'opposer à la remontée des mineurs non grévistes, appelés "les rouffions"qui étaient descendus pour travailler. La gendarmerie essaya en vain de disperser les grévistes. Le sous préfet de Valenciennes dut réquisitionner la troupe afin d'écarter les manifestants pour permettre de reconduire chez eux les mineurs non grévistes. Des pierres étaient lancées contre le sous préfet. Sept arrestations eurent lieu. Le jour même au Trieux de Fresne des mineurs et des femmes bousculèrent les gendarmes. Des faits identiques se produisirent à Escaudain et à Anzin, à la fosse Saint Louis. Le préfet du Nord fit occuper les fosses par la troupe. Les arrestations se multiplièrent et 37 mineurs furent condamnés à des peines allant de huit jours à trois mois de prison. Le 8 Avril, une nouvelle intervention à la chambre des députés eut lieu. le 14, le député, Mr Giard invita les grévistes à reprendre le travail. Après les fêtes de Pâques le mardi 15 avril, l'arrêt de la grève fut décidé et le 17 avril 1884, le travail reprit partout. Les causes du mouvement :La grève d'Anzin s'est déclarée, comme on l'a indiqué précédemment, par un changement dans les conditions de travail, ayant pour seul but de réduire le nombre des ouvriers non occupés directement à l'abattage du charbon. Le nombre de ces ouvriers était le double de celui des ouvriers employés à la taille du charbon.La Compagnie d'Anzin était la plus ancienne du bassin houiller de Valenciennes et pendant longtemps elle n'avait pas eu de concurrence. Elle pouvait fixer elle-même le prix du charbon qu'elle produisait. Avec la réduction des droits d'entrée en France, suite aux traités de commerce et à l'abaissement des tarifs des transports ferroviaire , la houille venant de l'étranger a concurrencé le charbon Français. Par ailleurs, la Compagnie ne s'était pas préoccupée de l'amélioration à apporter aux conditions d'exploitation du charbon, du matériel, des méthodes de travail, de l'organisation du personnel. Les méthodes de travail étaient restées identiques à celle de l'époque des pionniers. La nécessité de réformer était devenue évidente à la suite de la baisse du prix du charbon en 1876. En 1883, le paiement au mètre carré fut remplacé par le paiement à la berline c'est à dire au poids. Se développa ainsi le marchandage (adjudication d'une taille à une équipe) et les mineurs se concurrencèrent entre eux). Mais ces premiers changements par rapport aux vielles habitudes de travail, furent insuffisants, pour faire baisser suffisamment le prix de revient du charbon. Une nouvelle réforme s'imposait par la réduction du personnel : réduire les raccommodeurs et les galibots. Cette annonce produisit un grand émoi dans la population minière et entraîna la grève. Dans les familles de mineurs ,ce n'était pas seulement le chef de famille qui travaillait, mais aussi les enfants dès l'age de douze ans (les galibots) et les vieux parents (raccommodeurs). Les mineurs en étaient arrivés à croire qu'ils avaient un droit au travail et ils se sentirent tous solidaires devant l'atteinte à ce droit, comme lors du renvoi des 140 syndicalistes. Les difficultés économiques éprouvées par la Compagnie furent la base de ce mouvement. De plus celle-ci voulu combattre le syndicalisme naissant. La défaite des mineurs d'Anzin fut lourde de conséquences : En octobre 1884, Clemenceau membre de la délégation parlementaire envoyée à Anzin constata la disparition du syndicalisme ouvrier qui renaîtra cependant en 1898. Pourtant la loi 21 mars 1884 dite de Waldeck Rousseau reconnaissait le droit syndical. L'évolution des salaires de 1884 à 1885 montre bien l'échec du mouvement ouvrier
Cette grève eut aussi une grande influence sur la littérature du XIX ème siècle Emile Zola s'en inspira pour écrire Germinal. Il avait déjà étudié quelques grèves, celle de Ricamarie près de St Etienne, d'Aubin près de Decazeville. Dès qu'il apprit les évènements d'Anzin il se rendit dans cette ville et y séjourna du 23 février au 3 mars. Il fut hébergé par le député Alfred Girard .Le frère de celui ci, Jules-Emile lui servit de guide dans la ville. Emile Zola prit des notes sur Anzin. Ses folios comprenaient des indications, des croquis, des plans, des études de la géologie, de l'administration, des techniques, un lexique sur les mines, les crises industrielles, l'Internationale. Il était accompagné d'un mineur, Louis, qui lui servait de traducteur car les mineurs parlaient le rouchi. Il parcourut le Coron, visita les logements, discuta avec les mineurs. Il prit des notes précises sur le portrait physique et moral des habitants et s'en servit pour les personnages de son roman. Il se désaltéra dans les estimets situés en face des corons et près de la fosse St Louis ou il rencontra Emile Basly. Il remarqua les Bureaux Centraux, les ateliers des chantiers, le château Mathieu, le chemin de fer, il étudia le carreau de la fosse Saint Louis mais malgré son insistance, il ne put y descendre. La compagnie ne l' autorisa à descendre que dans la fosse Renard, plus récente et donc plus propre. Les mineurs ont souvent critiqué Emile Zola car il a "noirci" leur condition, en leur prêtant des mœurs dissolues (conduite des jeunes)alors qu'ils étaient fiers de leur honorabilité.
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