La Tribu

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La catastrophe de Courrières en 1906

Catastrophe de Courrières - Page 1 / 6


Le bassin minier du Pas-de-Calais avait la réputation d'être "sûr" pour les mineurs, et pourtant...

  Signe avant-coureur ?
 
nuit du 6 au 7 mars Un incendie s'était déclaré dans la veine "Cécile" (-326m) à priori à cause de la lampe d'un mineur qui aurait travaillé dans le secteur
 
7 mars 22:00 Découverte de l'incendie par un conducteur qui ramenait son cheval à l'écurie
 
8 mars 01:00 Il est décidé de construire une "estoupée" (cloison de pierres sèches) longue de 3 m afin de condamner la galerie incendiée
 
9 mars Plusieurs barrages consécutifs sont bâtis en toute hâte. Le dernier barrage réalisé en maçonnerie, fut achevé le soir.

   La déflagration...
 
10 mars
06:00
 
La quasi-totalité des effectifs, soit 1664 mineurs et galibots de 14/15 ans, était déjà descendu dans les fosses 2, 3 et 4 dont les quartiers de travail étaient situés entre -330 et -340 m de profondeur.

10 mars 06:30

Une fumée noire sort de la porte du moulinage (débouché au jour des cages remontant les wagonnets) de la fosse N° 3. Quelques instants plus tard, une déflagration ébranle le puit N°4. L'explosion a transformé les galerie en fournaises, et la déflagration a tout balayé sur une distance de 110 m ! Puis, les gaz méphitiques se sont répandus partout.
A la fosse N° 3...
 
10 mars 09:00 Lorsque la fumée fut dissipée, un ingénieur et un porion descendirent par les échelles du goyot. Ils furent bloqués à -70 m : les échelles étaient tombées.
 
journée du 10 mars On attacha un cuffat (sorte de grand tonneau) à la place de la cage : quatre hommes s'y installèrent et on les descendirent. A -50 m, ils furent bloqués par divers débris. Ils remontèrent les débris toute la journée afin de dégager la voie.
 
10 mars 14:00 et 19:00 Le sauveteurs entendirent des appels venant du fond. Il doit y avoir des survivants !...
 
10 mars 22:00 Une équipe d'ingénieurs des Mines de l'État arrive, et prend en main la conduite des opérations de sauvetages. Estimant que les condition minimales de sécurité n'étaient pas remplies, ils ordonnèrent l'arrêt immédiat d'une descente plus profonde avant que ne soit consolidé le puit. Les sauveteurs étaient pourtant parvenu à -160 m
 
11 mars 22:00 La profondeur de -180 m est atteinte. On donna l'ordre de stopper définitivement les travaux de sauvetage.

   Aux fosses N°2 et N°4...
 
10 mars 09:00
 
A la fosse N°4, la cage fut rapidement dégagée. Les sauveteurs descendirent par les échelles et trouvèrent des rescapés à -331 m.
A la fosse 2, les cages fonctionnaient comme d'ordinaire, on ne s'était aperçu de rien. Les voies de communication entre la fosse 2 et la fosse 3 étaient coupées. Certains ouvriers de la fosse 3 ont malgré tout pu s'enfuir et remonter à la surface en passant par la fosse 2.
 
11 mars Bilan du sauvetage des fosses N°2 et N°4 : après 2 jours et 2 nuits d'efforts, on ramena 25 survivants et 43 cadavres. Quelques sauveteurs disparurent pendant ce sauvetage.
Opposition entre ingénieur de l'État et hommes de la mine...
 
11 mars L'ingénieur en chef qui était venu prendre en main les opérations, voulait réunir une table ronde et interroger les survivants afin d'établir une carte très précise de la situation.
Les ingénieurs et les ouvriers de la mine ne voulaient pas perdre de temps en bavardages pendant que leurs camarades mourraient au fond.
Cette opposition eut sa part de responsabilité dans l'ampleur des pertes humaines.
Les ingénieurs de l'État, piqués dans leur orgueil, adoptèrent des mesures qui parurent aberrantes. Considérant qu'il n'était pas possible de désobstruer le puit N°3, et que toutes les recherches à partir des puits N°2 et N°4 montraient qu'il ne restait aucun survivant dans les quartiers du N°3, ils décidèrent de fermer le puit N°3 et de le transformer en puit de sortie d'air..
 
12 mars 01:00 Redémarrage des ventilateurs du puit N°3 et fermeture des orifices du puit.
Arrêt des ventilateurs des puits N°2 et N°4, les transformant ainsi en entrée d'air et fermeture du puit N°4.
 
12 mars 09:00 Arrivée d'une équipe de mineurs allemands volontaires pour aider dans les secours : ils étaient équipés de masques à oxygène, ce dont les sauveteurs français ne disposaient pas...
 
13 mars C'est sous la neige, que ce déroule les obsèques officiels. Un grand nombre de victimes ne pourront pas être identifiées. Pour éviter les épidémies, on les ensevelit dans une fosse commune. La cérémonie se déroule à la va-vite ce qui provoque colère et amertume.
L'ingénieur en chef hué par la foule doit quitter le cimetière.
La tension monte...
 
14 mars Bilan : 429 morts à la fosse N°3, 506 morts à la fosse N°4 et 162 morts à la fosse N°2
 
15 mars Les sauveteurs arrêtent les recherches à cause d'un incendie.
Au final, ils ne trouvèrent que des cadavres.

La colère puis la révolte s'emparèrent de la région. Les mineurs se mirent en grève : le mouvement comptait 40000 ouvriers à la fin du mois de mars.
La visite du ministre de l'intérieur Georges Clémenceau et l'arrivée de 20000 hommes de l'armée ne calmèrent pas la situation, bien au contraire.


   Le miracle...

 

30 mars 08:00
J + 20

 

 

Un ouvrier sauveteur vit à proximité de l'accrochage dans le puit N°2 des gestes désespérés dans l'obscurité. Une équipe descendit et trouva 13 hommes.

 

 

Comment ont-ils pu survivre ainsi pendant 20 jours ?

Ils racontèrent leur 20 jours d'errance dans le noir, la fournaise et la boue. Ils mangeaient tout ce qu'ils pouvaient trouver : avoine, cadavre de cheval en cours de décomposition, .... Ils furent obligé de boire leur propre urine....

 

L'affaire se politise...
 

On se demanda si les ingénieurs de l'État n'avaient pas fait une erreur en considérant qu'il n'y avait plus de survivants seulement 3 jours après la catastrophe. Peut-être que l'on aurait pu trouver d'autres rescapés...
Jean Jaurès, dans l'Humanité, alla jusqu'à pose cette question : "Et serait-il vrai que, par une funeste erreur, ceux qui dirigeaient les sauvetages, croyant qu'il n'y avait plus en effet d'existence humaine à sauver, se sont préoccupés plus de la mine que des hommes ?"
 


   L'incroyable...

 

4 avril
J + 24
 
Une équipe de sauveteur trouva un autre rescapé, Auguste Berton, mineur à Sallaumines. Il tournait en rond dans les galeries depuis 24 jours...
 


La polémique se ralluma de plus vive. Le gouvernement nomma une commission d'enquête sur les opérations de sauvetage. cette commission publia un rapport justifiant les mesures décidées par les ingénieurs de l'État, bien évidement...


   Un coup de poussière !
 


Cette catastrophe démontra la réalité d'un danger jusque là méconnu ou sous-estimé : les coups de poussière de charbon. Ce qui a initialisé cette catastrophe n'est en effet pas un coup de grisou, mais l'inflammation d'énormes quantités de poussières microscopiques en suspension dans l'air des galeries.

Ce fut le premier grand coup de poussière en France.

La moitié des rescapés retournèrent travailler au fond : César Danglot, Victor Martin (17 ans), Léon Vanhoudenhove, Louis Castel (22 ans), Auguste Berthon, Henry Nény (38 ans).
D'autres demandèrent à être affectés au jour : Henri Wattiez, Elie Lefebvre (38 ans), Honoré Couplet, Anselme Pruvost (15 ans) et son père Charles-Louis Pruvost (45 ans).
Albert Dubois (17 ans) quittera le métier : il tomba en 1914 au champ d'honneur...

 

Durant la tragédie de Courrières 5 membres de la famille Dupire furent tués au fond



11/04/2011
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