Ils sont originaires du Nord
Marguerite Yourcenar 1903 - 1987
Poète, traductrice, essayiste, historienne, critique et romancière Marguerite Yourcenar occupe une place à part dans la littérature contemporaine à l'image de son itinéraire personnel de fille sans mère, de femme sans enfant, et d'amoureuse sans homme.
Orpheline de mère à la naissance, en 1903, Marguerite de Crayencour est élevée par un père qui sera à la fois un pédagogue, un confident et un ami.
En 1921, il finance à compte d'auteur Le Jardin des Chimères, le premier recueil que sa fille a écrit deux ans plus tôt pour ses seize ans. Par jeu elle crée Yourcenar, l'anagramme qui deviendra, à partir de 1947, son nom légal aux Etats-Unis.
Elle publie son premier roman, Alexis ou le traité du vain combat en 1929, l'année de la mort de son père.
Les succès viendront plus tard : 1951 avec Les Mémoires d'Hadrien, et 1968, l'année de L'Oeuvre au Noir.
Elle nourrit une partie de son oeuvre aux sources de son enfance dans le Nord, à Lille et au Mont Noir, en particulier dans sa trilogie Le Labyrinthe du Monde, composé de Souvenirs pieux (1974), "Archives du Nord" (1977) et Quoi ? L'Eternité (1988).
Marguerite Yourcenar fut, en 1980, la première femme élue à l'Académie française.
Le Conseil général du Nord a racheté la propriété de son père au Mont Noir et l'a transformée en parc de promenade et en maison d'écrivain.
Maxence Van der Meersch 1907 - 1951
Né dans une famille aisée, mais divisée, il sera très tôt avocat au barreau de Lille mais ne plaidera guère : à vingt ans, il rencontre une ouvrière très pauvre, avec qui il s'installe, dans des conditions pénibles et contre l'avis de sa famille. Il écrit ses premiers articles, ses premiers romans, connaît plusieurs échecs.
En 1932, enfin, il publie La Maison dans la dune : c'est le succès. D'autres œuvres suivront et seront autant de réussites : Quand les sirènes se taisent (1933) évoque une grève du textile à Roubaix ; Invasion 14 (1935) décrit l'occupation allemande ; Maria, fille de Flandre (1935) manque de peu le Goncourt mais L’empreinte de Dieu (1936) parvient enfin à cette consécration.
Les tirages sont élevés, l'aisance permet à la famille de s'installer au Touquet. L'écrivain aborde alors sa période mystique qui ne simplifie pas ses rapports avec la hiérarchie catholique d'alors : L'Elu, Pêcheurs d'hommes (1940), La vie du curé d'Ars (1942), La Petite sainte Thérèse (1947).
La tuberculose le ronge. Corps et âmes (1943) sera son pamphlet contre la médecine, qui connaîtra des tirages énormes à la Libération.
Il meurt en octobre 1951, des suites d'une insuffisance respiratoire.
Albert Samain 1858 - 1900
Il naît à Lille en 1858, dans une famille de négociants. La mort de son père le contraint à abandonner ses études secondaires. Il doit accepter un poste d'employé de banque, fonction qu'il exècre, et quitte Lille pour Paris où il occupera également des emplois modestes.
Même s'il compte parmi les créateurs du Mercure de France, il subit un échec dans le journalisme et entre à la Préfecture de la Seine, poste qu'il conserve même après ses premiers succès littéraires.
Son recueil Autour de l'infante lui vaut d'être récompensé par l'Académie française en 1893, mais il ne connaîtra jamais un succès important. Il reste un poète difficile à classer que la tuberculose emporte encore jeune.
Jules Mousseron 1868 - 1943
Fils de mineur, il commence "au fond" à 12 ans. Ce galibot est contraint au rendement car son père est malade, c'est lui ramène la paie pour toute la famille. Mais ce travail très dur ne l'empêche pas de fréquenter les cours du soir pour adultes. A 17 ans, il écrit ses premiers vers dédiés à celle qui allait devenir sa femme.
Sur le conseil de ses amis, il décide d'écrire en patois, le picard parlé dans les corons. Et très vite vient le succès. Au cours des banquets, des réunions commémoratives, des fêtes d'associations, kermesses, défilé des harmonies, partout on le demande et sa réputation l'amène à se produire de plus en plus loin, remplissant salles de galas, théâtres ou places publiques. Lui continuera toujours de travailler, fidèle à ses sources d'inspiration : la mine, les estaminets et leurs personnages, les corons, ses enfants, sa joie d'écrire et de discourir parmi les siens. Sa popularité le conduira même à l'Opéra comique de Paris.
A partir de 1897, il publie ses textes et poésies : Coups de Pic et Coup de Plumes, Fleurs d'en Bas, Eclats de Gaillettes, où se mêlent autant de textes graves que d'histoires drôles sur le monde des mines. Chaque volume connaît une dizaine d'éditions. C'est en 1904 qu'il lance Cafougnette, le gars du Nord, malin et balourd à la fois... Jules Mousseron, parfois comparé à Mistral, survit toujours au travers de ce personnage, même si l'auteur, comme il se doit, disparaît toujours un peu plus derrière sa création...
Gautier Arras (d') XIIe siècle -
Surnommé le premier trouvère du Nord de la France, il appartiendrait à la parenté des avoués de l'abbaye Saint-Vaast, châtelains d'Arras.
Il est l'auteur de deux romans d'aventure, Eracle, composé pour Marie, comtesse de Champagne, Baudouin IV, comte de Hainaut et Thibaud de Blois, et Ille et Galeron, dédié à Béatrice, seconde femme de Barberousse.
Dominique Baudier 1561 - 1613
Né à Lille, cet humaniste français, écrivain néo-latin, dit Baudius, prit également les pseudonymes de Julianus Robecius et de Latinus Pacatus. Sa biographie est assez bien connue : il fit ses études à Aix-la-Chapelle et se retrouva à Leyde en 1576 parmi les premiers membres de l'Académie alors naissante. Il poursuivit ses études à Genève et fut reçu docteur en théologie en 1583. Il retourna ensuite étudier le droit à Leyde où il fut reçu docteur en 1585 et entra dans l'ordre des avocats de la Haye en 1587. Il sejournera en France de 1591 à 1601. Nommé conseiller au parlement en 1592 il sera également poète de cour auprès de Henri IV. En 1603 il se fixera définitivement à Leyde où il enseignera à l'université et deviendra historiographe en 1611. Il critiquera l'œuvre de Montaigne lors de la querelle dont les Essais furent l'objet.
Marceline Desbordes-Valmore 1786 - 1859
Née à Douai, orpheline de bonne heure, elle doit apprendre à survivre seule. Le théâtre lui offre l'opportunité d'exprimer un réel talent de cantatrice et de comédienne. Elle épouse en 1817 un certain Valmore, acteur dont elle fera passer le nom à la postérité.
La poésie sera pour elle le moyen d'exprimer déceptions et deuils (elle perdra deux de ses trois enfants). Une grâce mélancolique comme ses élans mystiques, son naturel et sa sincérité ont ému tant les romantiques que les symbolistes. Verlaine lut ses poèmes sur le conseil de Rimbaud. Sainte-Beuve dit d'elle : Elle a chanté comme l'oiseau chante. Elle décède, isolée, en 1859.
Charles Deulin 1827 - 1877
Charles Deulin est en 1827 à Condé-sur-l'Escaut. Ses origines très modestes ne l'empêchent pas de parvenir au baccalauréat puis de trouver un poste chez un notaire de Valenciennes.
Il ne craindra pourtant de provoquer un scandale en enlevant une jeune fille qu'il emmènera à Paris ! Sa vie devient alors de la bohème littéraire de la capitale.
Après quelques échecs, quelques réussites, il trouve sa voie . Ce sera la série des recueils Contes d'un buveur de bière (1868), Contes de Gambrinus (1874), Histoire de petite ville (1875).
Ces récits à base de folklore flamand rencontrent alors un réel succès. L'image du roi mythique de la bière, Gambrinus, explique bien cet engouement. Figure emblématique du carnaval, souvent représenté sous les traits d'un vieil homme bedonnant, couronné et tenant une chope de bière, il orne plusieurs façades et défilent dans plusieurs villes de la région.
Jean (ou Jehan) Froissart env. 1337 - après 1404
Ce chroniqueur français est né à Valenciennes. Il séjourna en Angleterre au service de Philippa de Hainaut de 1361 à 1369 mais revint à Valenciennes à la mort de celle-ci.
Ordonné prêtre, il obtint une cure à Mons, sera ensuite chapelain de Beaumont et chanoine de Chimay.
Outre de nombreuses pièces lyriques et courtoises, il écrivit entre 1370 et 1400 ses Chroniques de France, d'Angleterre et des pays voisins. Elles demeurent une des sources de connaissance les plus riches et les plus variées de la période qui va de 1325 à 1400.
Les quatre livres de l'œuvre traitent principalement de la guerre de Cent ans. Ses nombreux voyages en Angleterre, Ecosse, France, Italie ou aux Pays Bas, ainsi que ses multiples relations lui fourniront une importante documentation, fruit de véritables enquêtes auprès de témoins ou d'acteurs des faits relatés.
Dans un de ses romans L'Espinette amoureuse, il dresse une liste des jeux de son temps qui inspira Rabelais lorsqu'il évoqua un siècle et demi plus tard les amusements de Gargantua enfant.
Jean Lemaire de Belges 1473 - après 1515
Poète et chroniqueur français né à Bavay ou peut être dans le hameau proche de Hargnies dans le Hainaut. Jean Lemaire s'appellera plus tard Jean Lemaire de Belges en référence au mythique roi gaulois Belgius, supposé fondateur de sa ville natale. Il fera ses études à Valenciennes et deviendra clerc de finances du duc de Bourbon, puis indiciaire de Bourgogne, et, en 1512, historiographe de Anne de Bretagne.
Son œuvre capitale, Illustration de Gaule et Singularité de Troie paraîtra en 1511 et 1512. Il s'agit d'une fresque mythique en prose qui utilise diverses légendes pour raconter le récit de la nation gauloise puis française. Remontant au Déluge, il cherche à démontrer que les Gaulois sont la descendance directe de Noë et qu'ils sont à l'origine de la fondation de Troie. D'autre part, les Francs sont selon lui, issus de Francus, fils d'Hector. Cette légende sera reprise plus tard par Ronsard.
Il composera également le Traité de la Concorde des deux langages, essai de philologie en vers et en prose, qui annonce les travaux des humanistes du 16è siècle.
On perd sa trace après 1515. Du Bellay lui rendra l'hommage de la Pléiade, Guillaume Crétin le qualifiera de monarque de la rhétorique française.
Alain Lille (de) XIIe -
On sait de ce théologien né à Lille qu'il étudia à Chartres, Montpellier et Paris où il devint Recteur de l'université. Son œuvre très diverse et son immense savoir lui valurent le surnom de Doctor universalis.
Les ouvrages religieux tiennent une place importante dans cette œuvre. Il s'éleva contre les sectes et les hérésies qui menaçaient la chrétienté et prit part de 1180 à 1194 aux prédications contre les Cathares.
Il contribua également à clarifier le vocabulaire théologique afin de le rendre accessible aux profanes. Alain de Lille doit sa renommée à deux œuvres allégoriques :
- De planctu naturae [les Plaintes de la nature] dans lequel il souhaitait assouplir le cadre de la théologie ;
- Anticlaudianus [l'Anticlaudien] (vers 1183), qui traite des quatre artisans du monde : Dieu, la Nature, la Fortune et le Vice. C'est un des témoignages les plus significatifs de l'humanisme médiéval.
Henri Valenciennes (de) 13è-
Clerc et chroniqueur attaché à la personne de l'empereur Henri de Constantinople. Il composa entre 1209 et 1216 une suite à la Conquête de Constantinople de Villehardouin sous le titre Histoire de l'empereur Henri de Constantinople, restée inachevée, qui porte sur la période mai 1208, juillet 1209.
Henri de Valenciennes accompagna les forces de Henri de Hainaut qui devint empereur chrétien des terres conquises sur les Grecs après les succès de la quatrième croisade .
Il nous donne de l'empereur latin d'Orient un éclairage différent et complémentaire de celui de Villehardouin en nous faisant partager une certaine intimité de ce prince de légende pendant cette période capitale de l'Empire latin de Constantinople.
Cette œuvre d'une valeur historique remarquable souligne les exploits que les nobles de la région de Valenciennes et de Douai accomplirent en Orient.
On attribue également à Henri de Valenciennes une Vie de saint Jean l'Évangéliste.
Isabelle Aubret 1938 -
Emouvante interprète des plus grands paroliers de la chanson française, Isabelle Aubret est née à Lille en 1938. Issue d’une famille nombreuse, de son vrai nom Thérèse Coquerelle, elle fait partie du monde ouvrier. A 14 ans, elle travaille à l’atelier de filature où son père est contremaître.
Mais déjà la jeune fille rêve d’autres cieux. Dès ses 18 ans, elle chante dans les concours et les cabarets. La chance lui sourit quelques années plus tard. Le 18 mars 1962, elle remporte le grand prix de l’Eurovision. Elle a alors 24 ans.
Emballé par sa façon émouvante et sincère d’interpréter les textes, Jacques Demy lui propose un des premiers rôles des Parapluies de Cherbourg, mais un terrible accident de voiture la plonge dans le comas. C’est Catherine Deneuve qui héritera du rôle. Des mois clouée dans un lit d’hôpital, des années pour s’en remettre… sans oublier une carrière d’actrice et une tournée d’été avec Brel évaporées. Pourtant ces épreuves n’affaiblissent pas sa volonté de chanter.
Quatre ans après cette tragédie, elle revient en force sur la scène musicale et finit 3ème du grand prix de l’Eurovision en 1968 avec la source.
Elle interprète, entre autres, des textes de Louis Aragon, mais aussi de Jean Ferrat et de Jacques Brel avec qui elle entretient des relations amicales et complices.
Jacques Bonnaffé 1958 -
Né à Douai, où il grandit, cet acteur ne cesse de décliner son accent du Nord sur tous les tons et toutes les latitudes.
Comédien de théâtre et de cinéma, il a également mis en scène quelques spectacles dont "Paris-Nord", Passages, d’Arthur Rimbaud. Il dépoussière le célèbre Cafougnette de Jules Mousseron et en fait le héros de ses spectacles.
Au cinéma, Jacques Bonnaffé a travaillé avec Jean-Luc Godard, Jacques Doillon… On l’a vu récemment dans Lucie Aubrac (Claude Berri, 1996), Jeanne et le garçon formidable (O. Ducastel et J. Martineau, 1997), Vénus Beauté (Tonie Marshall, 1998), "Va savoir" (Jacques Rivette, 2001)…
Dany Boon 1964 -
De son vrai nom Daniel Hamidou, il est né à Armentières dans une famille modeste qui détestait le théâtre… Son père, d'origine kabyle, était routier et sa mère femme de ménage. Leur obsession : que Dany trouve un bon métier. Mais dès l'école, le démon de la scène envoûte le garçonnet. Sa mère n'appréciera guère sa décision de partir pour la capitale…
Une fois à Paris, la galère commence. Sa formation de graphiste acquise dans la célèbre école tournaisienne de Saint-Luc lui permet de survivre jusqu'à ce que sa vraie vocation s'impose à lui. Un jour, je suis allé au boulot et j'ai dit que je partais. J'étais prêt à tout pour me lancer. Même à vivre dix ans de galères. La tournée des cafés-théâtres, l'ascension vers le haut de l'affiche commence. Après avoir triomphé sur scène, accent et sketches sur le Nord à l’appui, il s'attaque au cinéma Bimboland, en 1998, Le déménagement, en 1997, Le grand blanc de Lambaréné en 1994).
Etienne Chatilliez 1945 -
Né le 17 juin à Roubaix d’une mère enseignante et d’un père assureur, il a passé son enfance à Marcq en baroeul. A 11 ans la famille migre à Paris. Très vite dans la vie active, il entre dans la publicité comme rédacteur de spots en radio. Il passera ensuite dans le cinéma publicitaire puis parviendra au long métrage en réalisant La vie est un long fleuve tranquille (1988), Tatie Danielle (1990) Le Bonheur est dans le pré (1995) et Tanguy en 2001.
Bruno Coquatrix 1910 - 1979
Né à Ronchin, près de Lille, son nom reste associé à l'histoire de la chanson française, tant pour ses talents d'auteur (plus de 300 titres !) que pour ses responsabilités de grand patron à la tête du mythique Olympia.
Brel, Brassens, Ferré, Gréco, Barbara, Montand, Bécaud et tant d'autres ont fait de l'Olympia ce temple des chansons connu du monde entier.
Bien plus qu'un directeur de salle, Bruno Coquatrix était un authentique découvreur de talents.
Julien Duvivier 1896 - 1967
Né à Lille le 8 octobre 1896, quelques mois après l'invention du cinématographe, Julien Duvivier commencera par le théâtre avant de se tourner vers le septième Art. En 1919, il réalise son premier long métrage...: un western, tourné en Corrèze !
Très vite s'enchaîneront des adaptations littéraires puis ses premières oeuvres majeures : La Bandera (1935), Pépé le Moko (1937), ou encore La fin du jour (1939).
Invité à Hollywood, il y reste le temps de la guerre. Son retour en France donnera au cinéma d'autres oeuvres importantes.
Mais c'est surtout Le petit monde de Don Camillo (1951) qui va marquer une nouvelle étape dans la carrière de Julien Duvivier...
Viendront bien sûr d'autres films mais la Nouvelle Vague arrive, les critiques se font féroces. Accablé mais soucieux de faire taire ses détracteurs, il s'acharne à parfaire le tournage de son dernier film, Diaboliquement vôtre. L'épuisement le gagne et il meurt en 1967 d'une crise cardiaque.
Jean Lefebvre 1922 - 2004
Né à Valenciennes en 1922, Jean Lefebvre commence des études de médecine mais la Seconde Guerre mondiale le pousse à les interrompre. Après guerre, il choisit la carrière de chanteur d'opéra et c’est avec le deuxième prix d'opéra-comique qu’il sort du Conservatoire de Paris en 1948. René Simon, professeur d’art dramatique et fondateur du cours Simon, lui conseille alors de devenir acteur.
Il débute donc au cabaret puis joue dans la pièce de Robert Dhéry, La plume de ma tante. Il impose peu à peu son visage, gueule de cocker selon Lino Ventura, aux paupières tombantes et à l’air mélancolique de chien battu.
De la scène il passe au cinéma dès 1951 avec Bouquet de joie Suivent des films tels que Les tontons flingueurs, Ne nous fâchons pas, Les gendarmes avec Louis De Funès, Un idiot à Paris, et la série de La 7ème compagnie.
Déçu par la qualité médiocre des films dans lesquels il joue, Jean Lefebvre revient à son premier amour, le théâtre, où il triomphe, avec une moyenne de 700 représentations par pièce.
Jean Mineur 1902 - 1985
Né à Valenciennes dans une famille d'artisans meuniers, il est le créateur de ce petit mineur qui vise la fameuse cible pour former le "Balzac 0001", numéro de téléphone de la célèbre firme publicitaire qu'il a créée : Médiavision.
Mais le chemin a été long avant ce succès : pendant la Première Guerre mondiale, il perd sa mère et doit vendre des copeaux ou de la sciure pour subvenir à ses besoins. Puis il est chauffeur de poids lourds, et journaliste, à 19 ans.
Très vite il s'intéresse à la publicité qu'il affiche sur les rideaux des cinémas du Hainaut. En 1927, il créée son agence et réalise un journal parlé réalisé en direct depuis Valenciennes. C'est en 1936 qu'il part pour Paris, et la grande aventure...
Philippe Noiret 1930 -
Né à Lille, ses premières années sont marquées par de nombreux déplacements entre Lille, Boulogne-sur-Mer et Berck, puis vers le Centre et Lyon.
Après des années de théâtre et de cabaret, il commence une carrière d'acteur presque par accident (il remplace Georges Wilson dans La pointe courte) et très vite les films à succès s'enchaînent : Zazie dans le métro, La vie de château, L'horloger de Saint-Paul, La grande bouffe, Une femme à sa fenêtre, Coup de torchon, Le Vieux Fusil ou Les ripoux...
La consécration devient internationale avec Cinéma Paradisio, Oscar du meilleur film étranger, La vie et rien d'autre (César du meilleur acteur) ou Le facteur, également nominé aux Oscars.
Philippe Noiret n'a pas tourné que des chef-d’œuvres, mais il a marqué tous ses rôles du sceau de son intelligence et de sa personnalité. Il est de ces grands comédiens qui peuvent incarner les personnages les plus divers sans cesser d'être eux-mêmes.
Plus d'une centaine de films sont ainsi inscrits à son répertoire, dont certains tournés avec les plus grands : Alfred Hitchcock, Bertrand Tavernier, Richard Lester, Gérard Oury, Louis Malle, William Klein, Robert Enrico...
Cafougnette -
Zeph Cafougnette, mineur, perpétuel étonné, grande gueule, vantard comme il se doit, et ninoche (innocent), qui tremble devant sa femme et sa belle-mère..., mais qui, fort de son bon sens, culbute la certitude des nantis.
Il a fait son apparition lors des premières allocutions publiques du mineur de fond et poète, Jules Mousseron, célèbre dans tout le Nord de la France jusqu'à sa mort en 1943. Il courait la région avec ses spectacles, faisant partout salle comble. Son personnage fétiche, Cafougnette, dont il contait les aventures en rimes, en vers, en alexandrins, a depuis éclipsé la notoriété de son créateur. Au point que beaucoup n'ont plus aucune idée de l'origine de ce sobriquet. Ainsi parle-t-on de cafougnettes à propos d'histoires drôles en picard, en ch'timi... Ces blagues étant bien sûr des créations, sans rapport avec Mousseron ou ses écrits. Cafougnette c'est Toto, Marius… avec l'accent des corons.
Denain continue de chérir son géant Cafougnette, en hommage au poète.
Alexandre Desrousseaux 1820 - 1872
Alexandre Desrousseaux est né dans la courée du Quartier Saint Sauveur à Lille. De son père à la fois passementier et violoniste, il hérite de la passion de la musique. Dès 18 ans, il compose et chante dans les rues et dans les cabarets. Pour 12 francs, il publie sa première feuille de pasquilles sur laquelle on trouve Le marchand de chansons, Clistorelle, Le mariage de Saint Sauveur et Min p'tit amant. C'est un succès.
Après son mariage en 1846, il continue de composer. Deux ans après, il réunit toutes ses chansons dans un recueil qui connaît un grand succès commercial. La même année, il quitte son emploi au Mont-de-piété pour aller travailler à l'Hôtel de Ville. Il finit sa carrière comme préposé chef des octrois de Lille.
L’évolution de sa carrière ne l’a jamais empêché de chanter la vie humble des ouvriers, ses moments de désespoir comme ses moments de joie.
De toutes ses œuvres, la plus célèbre continue encore aujourd’hui d’être chantée, c’est la Canchon dortoire, le P'tit Quinquin. C'est une berceuse créée en 1853, écrite en patois lillois.
Gayant de Douai 1530 -
C'est en 1530 que les vanniers douaisiens reçoivent l'ordre de fabriquer un Gayant (géant). Il est destiné à figurer à la procession annuelle qui célèbre depuis 1480 la levée du siège de Douai par les Français. Le mannequin est grand, et lourd : il faut des porteurs vigoureux pour le déplacer.
Le public applaudit : dès l'année suivante, une Madame Gayant rejoint le Monsieur. D'abord intermittente, parfois contrariée par tel évêque jaloux ou interdite par la Révolution, l'apparition du couple s'est faite annuelle. Gayant a d'ailleurs donné son nom aux fêtes débutant le dimanche après le 5 juillet et comportant, entre autres manifestations, la sortie de sa famille.
Car la famille s'est agrandie ! Trois enfants sont apparus entre 1678 et 1687 : Jacquot, Fillon et Binbin, un nourrisson de 2,40 m surnommé ch'tiot tourni (le petit qui louche)...
Jeanne Maillotte XVIè -
Les temps sont durs en cette fin du 16è siècle. Catholiques et réformés s'entretuent en Flandre et Pays-Bas. Des protestants de Tournai, que les Lillois appellent les Hurlus (pour leurs vociférations ?), hantent les faubourgs de Lille.
En 1582, une bande armée attaque une fois encore. Mais elle sera repoussée par les milices bourgeoises, en particulier les archers de la confrérie de Saint-Sébastien, accourus du cabaret où ils s'exerçaient, paraît-il, avec à leur tête l'hôtesse du cabaret...
Aucun chroniqueur n'a jamais attesté ce fait d'armes mais deux siècles plus tard, la dame existe, elle s'appelle Jeanne Maillotte.
Depuis, elle a sa statue, sa rue à Lille, et son effigie dans les cortèges carnavalesques de la ville...
Lydéric et Phinaert -
Phinaert, géant maléfique, occupait le château du Bucq, sur l'emplacement actuel de Lille. Salvaert, prince bourguignon, vint à y passer avec son épouse enceinte, Emergaert.
Phinaert tua le prince. Emergaert réussit à s'échapper. Elle accoucha, près de la fontaine des Saules (del Saulx) avant d'être faite prisonnière par les hommes de Phinaert ; un ermite recueillit l'enfant, qu'il appela Lydéric. Une biche lui donna son lait. Jeune homme, Lydéric partit pour l'Angleterre. Il y conquit le cœur de la fille du roi Gracienne, mais revint pourtant à Lille, pour demander justice.
Un duel judiciaire eut lieu sur le pont de Fins, au cours duquel Lydéric tua le géant et délivra sa mère. Il fut alors nommé premier forestier de Flandre par le roi.
Désormais, Lydéric et Phinaert sont deux géants lillois inséparables, l'un symbolisant la noblesse et le courage, et l'autre la méchanceté, le barbare…
P'tit Quinquin -
La chanson composée par Alexandre Desrousseaux est un modèle de tendresse et de sensibilité, dans la langue parlée alors dans les rues de Lille :
"Dors min p'tit quinquin,
min p'tit pouchin,
min gros rojin.
Te m'f'ras du chagrin si te n'dors point ch'qu'à d'main.
Ainsi l'aut'jour eun'pauv' dintellière,
In a mi clotant sin p'tit garchon,
Qui, d'puis tros quarts d'heure ne f'jot que d'braire,
Tâchot d'l'indormir par eun' canchon.
Ell' li dijot : min Narcisse,
D'main t'aras du pain d'épice,
Du chuc à gogo, si t'es sache et qu'te fais dodo..."
la saga des Baudouin Moyen Âge -
Neuf comtes de Flandre (et six de Hainaut) ont porté ce prénom (du germain "bald", audacieux, et "win", ami):
- Baudouin Ier, dit Bras de fer, n'est connu que par son mariage avec Judith, fille de Charles-le-Chauve. Il meurt en 879.
- Baudouin II, dit Le Chauve, est le véritable fondateur du comté de Flandre. Il meurt en 918.
- Baudouin IV, dit L'Edifieur, petit-fils du précédent, consolide et étend le comté, développe le commerce avec l'Angleterre. Il meurt en 1035.
- Baudouin V, dit de Lille, épouse la fille du roi de France, se libère de toute tutelle impériale, agrandit encore la Flandre.
- Baudouin VI, nommé pour sa prudence tuteur du roi de France, emmène son pupille à Lille pour la signature de la charte qui consacre l'existence de la ville (1066). Il meurt l'année suivante.
- Baudouin VII, dit à la Hache" continue d'étendre ses possessions vers le Cambrésis. Il meurt au service du roi de France en 1119.
- Baudouin VIII de Flandre est en fait fils de Baudouin IV de Hainaut, comté dans lequel il porte donc le numéro V... Il domine donc un comté extraordinairement puissant. Il meurt en 1195.
- Baudouin IX (donc VI de Hainaut...) est le dernier Baudouin de Flandre. Il part en croisade, et son courage lui vaut d'être nommé Baudouin Ier, empereur de Constantinople. Il disparaît lors d'un combat en 1205. La disparition de son corps donne lieu à quelques légendes...
Ses deux filles, Jeanne et Marguerite de Constantinople, héritent alors des comtés de Flandre et de Hainaut.
Louis Faidherbe 1818 - 1889
Louis Faidherbe est né à Lille. Élève doué, il intègre l'école Polytechnique en 1838. Puis sa carrière se confond avec l'aventure coloniale. Il participera d'ailleurs aux principales campagnes de conquête de l'Algérie.
En 1852, il est envoyé au Sénégal. C'est le véritable tournant de sa carrière. Les faits d'armes qu'il y accomplit le rendent célèbre et mettent en valeur ses qualités militaires. En l'espace de quatre ans, la domination française sur la région sénégalaise est assurée, et pour longtemps. Mais Faidherbe n'est pas qu'un militaire. Il s'affirme également comme un grand administrateur. Le Sénégal connaît un essor économique inédit, la ville de Saint-Louis est modernisée et embellie, le port de Dakar est creusé. Des écoles, des casernes, des hôpitaux et même un musée sont construits. Les activités agricoles, minières, manufacturières et commerciales se développent. La maladie le contraindra pourtant à quitter "sa" colonie en 1865 sur sa demande.
La déclaration de la guerre de 1870 le surprend à Lille, où il effectue sa convalescence. Léon Gambetta le nomme général de division et lui confie la tête de l'armée du Nord. Il prend ses nouvelles fonctions alors qu'en Picardie la situation est des plus préoccupantes. Partout dans la région, les troupes prussiennes sont en position de supériorité. La confrontation a lieu le 23 décembre : c'est la bataille de Pont-Noyelles, une victoire des Français. La marche allemande sur Le Havre est suspendue. Faidherbe replie prudemment son armée derrière la Scarpe. Les Allemands se retournent alors vers Péronne qu'ils assiègent. Marchant au secours de cette ville clé du cours de la Somme, l'armée du Nord attaque le 3 janvier 1871. C'est la bataille de Bapaume, une victoire française qui ne peut pas être exploitée. Faidherbe décide alors de se porter au secours de Paris assiégé. Mais les rigueurs de l'hiver ralentissent sa marche. La bataille qui s'engage le 18 janvier devant Saint-Quentin met un terme aux plans de Faidherbe. Il doit se replier. Son armée qui a besoin de se reconstituer est conduite à l'abri des places fortes de Cambrai et Lille. L'armistice met un terme à ses opérations.
Par la suite, Faidherbe devient une gloire nationale. Député puis sénateur, il ne cessera d'affirmer son attachement à la République. Ses écrits, également, ont un grand retentissement et lui valent son admission à l'Institut des Inscriptions et Belles Lettres. Il meurt à Paris en 1889. Ses obsèques sont célébrées aux Invalides et organisées aux frais de l'État.
Henri-Alexandre Wallon 1812 - 1904
Né à Valenciennes, il appartient à une famille de la petite bourgeoisie. Il fait ses études à Valenciennes, à Douai puis à l’Ecole normale supérieure.
Professeur, il rédige en 1847 une Histoire de l’esclavage dans l’Antiquité. Cet ouvrage est remarqué par Victor Schoelcher, président de la commission pour l’abolition de l’esclavage, commission dont il devient secrétaire.
Il débute alors une carrière politique en se faisant élire aux élections de 1849 dans le Nord. Mais il démissionne rapidement pour protester contre la loi de 1850 qui ampute le suffrage universel.
Wallon retrouve son enseignement à la Sorbonne. Il publie une œuvre variée qui le fait élire à l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
En 1871, Wallon revient à la vie politique en se faisant élire dans le Nord sur une liste de centre droit. Le 30 janvier 1875, il entre dans l’Histoire en faisant adopter un amendement devenu célèbre qui commence par : "...le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambres des députés réunis en Assemblée nationale..., puisqu'il est nommé pour sept ans...".
L'adoption de cet amendement est considérée comme la date de naissance de la 3è République.
Ministre de l'Instruction publique, il fait adopter la loi de 1875 relatives à la liberté de l'enseignement supérieur. Devenu sénateur inamovible, il meurt à Paris en 1904.
Emile Basly 1853 - 1928
Fils d'ouvrier né à Valenciennes, il entre comme galibot dans les mines d'Anzin à onze ans. Il entreprend très tôt la lutte pour l'amélioration des conditions de vie des mineurs.
A 26 ans, il est congédié une première fois pour sa participation active à une grève. Réintégré, il crée le syndicat des ouvriers mineurs, dont il devient secrétaire général puis président. Le succès de son action conduit la moitié des 13000 ouvriers de la compagnie d'Anzin à s'inscrire,... et la direction à le congédier une nouvelle fois !
En 1884 éclate une nouvelle grève, très dure, qui échoue au bout de 57 jours. Mais l'opinion publique a été alertée : une commission parlementaire enquête, Basly défend la cause des mineurs devant elle. Toute la France résonne de cette lutte immortalisée dans Germinal, d'Emile Zola.
Le syndicaliste se tourne alors vers la politique : il est élu député dans la Seine en 1885, sans rien perdre de son militantisme. Son obstination est récompensée : député à Béthune en 1889, maire de Lens en 1900, puis constamment réélu, son action en matière de législation ouvrière est très importante, son administration municipale très active.
Pendant l'occupation allemande, en 1914, il est déporté comme otage. Après guerre et jusqu'à sa mort, il se consacrera à la reconstruction de sa ville, entièrement rasée en 1918.
Louise Bettignies (de) 1880 - 1918
Louise de Bettignies est née à Saint-Amand-les-Eaux dans une famille aux origines noble et bourgeoise. Son éducation classique et ses talents linguistiques (elle parle en effet plusieurs langues) lui permettent d’intégrer les familles princières européennes en qualité de préceptrice.
Infirmière à Lille, ville occupée pendant la Première Guerre mondiale, elle réussit à faire passer des centaines de messages entre les membres dispersés des familles réfugiées. Les services des renseignements français et anglais repèrent son activité et lui proposent de se joindre à eux. Louise de Bettignies choisit l’armée anglaise, à la fois pour sa proximité et pour la facilité des contacts. Elle intègre donc l’Intelligence Service.
Sous le nom d’Alice Dubois, Queen of spies, elle dirige un réseau de renseignements, le service Alice. A Lille, le 166, rue d’Isly est le siège principal de son activité. Avec l’aide de ses amies résistantes Léonie Vanhoutte et Louise Thulliez, elle couvre le Nord et passe régulièrement les frontières.
En octobre 1915, elle est arrêtée à Froyennes puis transférée à Bruxelles où le conseil de guerre la condamne à la peine capitale. Sa condamnation commuée en détention à perpétuité, Louise de Bettignies est incarcérée dans la prison de Siebourg. Atteinte de pneumonie, elle est transférée, mais bien trop tard, à l’hôpital de Cologne où elle s’éteint le 27 septembre 1918. Son corps rapatrié est inhumé à Saint-Amand-les-Eaux.
Louis Blériot 1872 - 1936
Né le 1er juillet 1872 à Cambrai, Louis Blériot est l’un des héros de la Belle Epoque. A la fois ingénieur, industriel et aviateur, ses inventions ont largement contribué au développement mondial de l’aéronautique.
Louis Blériot fait ses études d’ingénieur à l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures, puis travaille dans une usine de fabrique automobile, inventant des phares et autres accessoires. Cette activité lui permet de financer sa passion : l’aviation.
Dès 1900, Louis Blériot étudie les théories établies sur les matériaux plus lourds que l’air. Il en tire ses propres règles et les applique sur des modèles réduits de planeurs qu’il construit et expérimente. Neuf ans plus tard il fonde Blériot-Aéronautique, usine basée à Courbevoie, et commence la construction de monoplans puis de biplans modestement baptisés Blériot I, Blériot II...
En 1909, le quotidien britannique Daily Mail lance un concours très médiatisé. Le premier qui traverse la Manche par voie aérienne gagne une prime de 1000 livres. Le plus sérieux concurrent de Louis Blériot dans cette aventure est Hubert Latham, beaucoup mieux équipé.
Le 25 juillet 1909, à bord du Blériot XI, son dernier prototype, il rallie Calais à Douvres en 37 minutes. Il devient le premier homme à avoir traversé la Manche par les airs. Cet exploit est salué par le monde entier.
Longtemps considéré comme le premier industriel de l’aéronautique, Louis Blériot est également le concepteur des Spad, avions de chasse des forces françaises et alliées de la Première Guerre mondiale, de l’hydravion Blériot Santos-Dumont utilisé sur la ligne postale de l’Atlantique sud, etc.
Gustave Delory 1857 - 1925
Né à Lille, dans une famille d'ouvriers du textile, il quitte l'école à 11 ans pour travailler comme apprenti régleur, peigneron, pelotonneur, retordeur. En 1879, il fréquente le Cercle Républicain, vend le journal de Jules Guesde, L'Egalité. Lors d'une conférence en 1881, il rencontre Jules Guesde et consacre alors sa vie au développement du Parti ouvrier dans le Nord.
Militant syndicaliste et socialiste, il est en 1896 le premier ouvrier élu maire de Lille. Réélu en 1900, il devient député de la 3ème circonscription de Lille entre 1902 et 1914.
Durant la guerre, il est déporté à Holzminden d'où il reviendra très affaibli. Réélu dès 1919, puis encore une fois tête de liste aux municipales de 1925, il doit pourtant céder la place de maire à Roger Salengro. Il meurt le 17 août des suites d'une congestion pulmonaire. La foule immense qui suivra ses obsèques rendra alors hommage au "maire le plus rouge de France".
Charles Gaulle (de) 1890 - 1970
Général, président de la République de 1959 à 1968, il reste avant tout universellement connu pour son appel à la Résistance du 18 juin 1940 et pour l'établissement de la Ve République française.
Né à Lille au 9, rue Princesse, il a toujours gardé beaucoup d'affection pour sa ville natale et ses habitants dont il disait : Nous autres, Lillois, ce sont les réalités que nous regardons en face, beaucoup plus que nous ne goûtons les formules.
Officier durant la Première Guerre mondiale, sa bravoure lui valut d'être blessé puis fait prisonnier. Evadé cinq fois, il sera toujours repris et finira la guerre en captivité.
Il écrit par la suite plusieurs ouvrages de réflexion politique et de stratégie militaire. En 1940, il commence une nouvelle épopée militaire avant d'être nommé sous-secrétaire d'Etat pour envisager la poursuite du combat avec l'Angleterre. Puis il refuse l'armistice et lance son fameux appel de Londres qui lui vaudra d'être condamné à mort par contumace à Vichy.
Sans relâche, il défendra l'honneur de la France, imposera ses vues sur le plan international. Chef de la France libre, il reviendra dans un pays qui pourra revendiquer sa propre libération et entendra être respecté à ce titre.
Dès 1946, pourtant il démissionne du pouvoir, et se retire à Colombey-les-deux-églises. Il y prépare son retour politique et les bases de la Cinquième République.
Il devient Président de la République en 1959 et développe une politique étrangère de prestige et d'indépendance nationale. Mais il démissionne en 1969 après que son projet de régionalisation et de réforme du Sénat ait été repoussé par référendum.
Il meurt à Colombey-les-deux-églises en 1970. Une place, un mémorial et une université lillois portent son nom tandis que sa maison natale est devenue un musée.
Achille (cardinal) Liénart 1884 - 1973
Né à Lille dans une famille bourgeoise, il opte très tôt pour le sacerdoce diocésain. Après des études au Séminaire français de Rome, il s'engage comme aumônier pendant la Grande Guerre.
Nommé professeur au séminaire de Lille, l'abbé s'illustre par ses activités sociales. Tenant tête à l'extrême droite, il embrasse la cause ouvrière, défend le syndicalisme. Son engagement lui vaut les encouragements de Rome : il sera bientôt créé cardinal par Pie XI. Très populaire, il est devenu "le cardinal des ouvriers"... Après quarante années d'épiscopat, il remettra sa démission à Paul VI pour se retirer dans sa paroisse jusqu'à sa mort, le 15 février 1973.
Roger Salengro 1890 - 1936
Roger Salengro voit le jour à Lille, dans le quartier de Fives. Son père est bonnetier, sa mère, institutrice. A 19 ans commence son engagement politique. D'abord anti-militariste, il devient patriote quand la Grande Guerre éclate. Volontaire pour des missions dangereuses, il est fait prisonnier par les Allemands. Soupçonné de désertion, il est peu après acquitté.
A son retour de captivité, il se lance dans la politique active à Lille. Gustave Delory, souffrant cherche un successeur : ce sera Roger Salengro, élu maire de Lille en 1925, puis député en 1928. Il conservera ses deux mandats quasiment sans interruption jusqu'à sa mort.
A son arrivée, Lille n’a pas encore trouvé son second souffle : les séquelles de la guerre se font encore sentir. Révolté contre la misère, il rénove les quartiers, crée des écoles, des réseaux d'assainissement, construit le palais de la foire internationale...
Ministre de l'Intérieur du gouvernement Blum de 1936, jouissant d'un grand prestige, il devient l'homme à abattre. Affaibli par mort de sa femme, victime d'une campagne de calomnie sur sa prétendue désertion pendant la guerre, il se donne la mort en novembre 1936 à son domicile lillois. Ses funérailles restent parmi les plus imposantes manifestations que Lille ait connues.
Jean-Baptiste Carpeaux 1827 - 1875
Sculpteur et peintre français né à Valenciennes, Carpeaux restera très marqué par le style de Rude qui l'initia, et Duret dont il a suivi les cours aux Beaux-Arts. Une de ses premières œuvres sera le bas-relief de La soumission d'Abd el kader, commandé par Napoléon III en 1853 (visible au Louvre).
Le grand prix de Rome, qu'il obtient en 1854, lui permet de faire le séjour traditionnel à la villa Médicis où il sculpte La Palombella et le fameux Pêcheur à la coquille. Ugolin et ses enfants lui vaut un triomphe à Rome, mais de très sévères appréciations à Paris émanant des critiques d'art et de l'Institut.
À son retour en France, grâce à la protection de la princesse Mathilde puis de Napoléon III, il collabore au chantier Louvre et devient le portraitiste officiel de la cour.
Il remanie Le Triomphe de Flore, jugé trop hardi, exécute Les Quatre Parties du monde et la Danse, placée à gauche de l'Opéra (1869), dont les nudités choqueront le public, un des plus grands scandales du siècle... Il meurt à Courbevoie en 1875.
Ses oeuvres sont exposées au musée des Beaux-arts de Valenciennes et au musée d'Orsay à Paris.
Jean Antoine Watteau 1684 - 1721
Né à Valenciennes, son talent est précoce. Il entre comme apprenti chez un peintre local, puis gagne Paris en 1703 pour travailler. Après un séjour chez un marchand d'images de dévotion, il découvre la comédie italienne et les scènes satiriques dans un atelier puis se consacre à des travaux de décoration.
De retour à Valenciennes, sa carrière commence. Il peint des scènes de la Commedia dell'arte, réalise ses premières fêtes galantes.
En 1717, il est reçu à l'Académie pour son célèbre L'Embarquement pour Cythère. Son surnom lui est trouvé : il sera le peintre des fêtes galantes et non celui de peintre d'histoire.
La tuberculose le conduit pour une cure à Londres qui se révèle inefficace. De retour à Paris, il abandonne la fête galante pour se consacrer au portrait : Pierrot dit autrefois Gilles, L'Enseigne de Gersaint,...
Mais la maladie l'emporte. Il meurt à Nogent-sur-Marne à l'âge de 37 ans.
François Watteau 1758 - 1823
Né à Valenciennes, Jean-Antoine Watteau montre très jeune des dispositions étonnantes pour le dessin. Il est d'abord formé par son père, Antoine, puis fréquente une atelier à Valenciennes avant de rejoindre l'Académie Royale à Paris.
Après quelques années de travail dans la capitale, il revient s'installer définitivement à Lille en 1786.
Il semble naturellement promis à un bel avenir, prolongeant la tradition familiale, mais la Révolution anéantit ces espoirs.
François perd sa clientèle et son répertoire, les tableaux de divertissements.
Il s'engage auprès des Jacobins lillois, ce qui ne lui sera pas pardonné par la bourgeoisie locale. Jusqu'en 1806, il essaiera de renouer avec le succès, s'essaiera à tous les genres.
Découragé, il abandonne la peinture pour se consacrer au professorat et à une mission de conservateur adjoint du musée de Lille.
Watteau fils a été un des meilleurs dessinateurs du 18è siècle. Mais la vivacité de ses coloris, sa touche personnelle l'ont décalé des goûts de son temps. François meurt dans sa ville en 1823.
Louis Watteau (dit de Lille) 1731 - 1798
Neveu de Jean-Antoine Watteau, il naît à Valenciennes, y étudie avant de fréquenter l'Académie Royale à Paris. Revenu à Valenciennes en 1756 comme maître peintre, il quitte le Hainaut dix ans plus tard pour cause de crise économique et rejoint Lille qu'il ne quittera plus.
Avec l'aide d'un mécène, il devient le peintre en vue de Lille et se consacre à des scènes de genre ou d'actualité à côté de tableaux à sujet religieux. Egalement professeur à l'Ecole de dessin, il joue quasiment le rôle de peintre officiel de la ville.
La Révolution ne perturbera que modérément la carrière de Watteau père. Dès 1795, il aura la responsabilité de l'inventaire des oeuvres des églises et des émigrés qui seront le noyau du futur musée de Lille.
Louis Watteau réinterprète la peinture septentrionale du 17è siècle à travers le courant sentimental à la française. Sa peinture répond donc aux aspirations de la société bourgeoise de son temps.
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